mercredi 27 février 2008

Mots croisés (4)



Voici une nouvelle grille de mots croisés de mon invention que je soumets à votre sagacité.

Conformément à la tradition, solutions dans une prochaine note…

vendredi 22 février 2008

Page blanche

André Gide écrit dans son Journal que, lorsque l'inspiration lui fait défaut, il prend plus ou moins au hasard un livre de sa bibliothèque et l'ouvre ensuite également au hasard. "Ce hasard me ferait croire au diable ou à la providence, précise-t-il, car je tombe à pic, presque à coup sûr, sur la page, sur la phrase, ou les mots, dont j'ai précisément besoin pour rebondir."
Quant à Paul Valéry, il note dans ses Cahiers : "Devant trop souvent écrire des choses dont je n'ai nullement envie et l'esprit inerte devant elles, je m'avise de me donner les lettres initiales des phrases successives à faire - comme pour un acrostiche…" Et il ajoute : "Et cela ferait scandale si je le disais."
De là à jouer aux dés pour trouver la première phrase de son roman à coucher sur la page blanche… Imaginons, par exemple, un écrivain fébrile éprouvant le vertige de cette fameuse page blanche. Désespéré, il jette une paire de dés huit fois de suite avec comme résultat : 9, 2, 2, 4, 6, 2, 5 et à nouveau 5. À partir de ces chiffres, il compose une phrase dont les mots comportent respectivement autant de lettres que le nombre de points successivement obtenus par la chance. Et cela donne par exemple: "Longtemps, je me suis couché de bonne heure.", une phrase plutôt banale qui pourrait bien commencer n'importe quel roman à commencer par l'œuvre en sept tomes de Marcel Proust À la recherche du temps perdu. Et pourquoi Albert Camus n'aurait-il pas, de la même manière, joué aux dés les premiers mots de L'Étranger en obtenant 10, 5, 3, et 5, ce qui aurait donné la phrase "Aujourd'hui, maman est morte." ? Ce serait trop drôle si mes suppositions correspondaient à la réalité tant comporte un bon fond de vérité cette citation attribuée à Louis Pasteur : "Le hasard ne profite qu'aux esprits préparés."

samedi 16 février 2008

L'humour de Moravia


“Je pouvais maintenant la voir grimper la pente du coteau, vers l’aire sur laquelle surgissaient les masses arrondies des meules. Elle s’agrippait aux buissons, penchée en avant, glissant et trébuchant, et dans son visage tendu et avide, aux yeux dilatés, dans les gestes de son corps, je reconnus de nouveau sa ressemblance avec une chèvre qui grimpe pour brouter.”
L’homme qui s’exprime ainsi est Silvio, le narrateur de “L’amour conjugal” d’Alberto Moravia et la chèvre qui broute n’est autre que sa femme Léda pour laquelle il n’a de cesse de proclamer son amour tout le long du livre ! Déjà, dans les premières pages et dès les premiers jours de leur mariage, à croire que l’amour de Silvio pour Léda est loin d’être aveugle, celui-ci remarque sur le visage de sa bien-aimée, non sans se sentir floué, “une large grimace muette qui paraissait exprimer la peur, de l’angoisse, de la répugnance… Cette grimace faisait, pour ainsi dire, ressortir violemment l’irrégularité naturelle des traits et donnait à sa physionomie l’aspect repoussant d’un masque grotesque dans lequel, par une bouffonnerie particulière, incongrue autant que pénible, les traits auraient été exagérés jusqu’à la caricature… “.
Mais Silvio aime Léda plus que tout, enfin un peu moins que son chef d’œuvre littéraire qu’il décide d’écrire en refusant de remplir son devoir conjugal pour mieux s’y consacrer. Mais ce que Silvio ne sait pas encore en voyant cette chèvre qui monte en broutant entre les buissons, c’est que sa femme qu’il aime tant va rejoindre le vieux barbier de son mari au physique quelconque, Antonio, qui a fini par devenir son amant.

dimanche 10 février 2008

Quiproquo

Un client se trouvant au guichet d’une banque dit, le regard pointé en direction de la jeune (et belle) guichetière et tout en faisant des clins d’œil, des phrases du genre : “Oh, mais c’est que t’es la plus belle, ma puce” ou “Promis. Je vais t’en faire, des mimis, ma princesse !”.
La jeune femme, incrédule et surprise, mi-choquée, mi-flattée, relève la tête en direction du client puis finalement pouffe de rire avec sympathie. Il faut préciser que le client, c’était moi, et que tout en regardant machinalement la jolie préposée de la banque, je m’adressais, en réalité, à ma fille de cinq ans, cachée derrière le guichet et trop petite pour être visible de mon interlocutrice bancaire.

mardi 5 février 2008

Homophonie Sarkozique


Des textes homophones sont des textes dont les mots et le sens sont différents mais dont la prononciation est exactement la même.

Exemple ces vers homophones de Charles Cros :

Dans ces meubles laqués, rideaux et dais moroses,
Où, dure, Ève d’efforts sa langue irrite (erreur !)
Ou du rêve des forts alanguis rit (terreur !)
Danse, aime, bleu laquais, ris d’oser des mots roses.

(”À un page de la reine Isabeau” dans le Coffret de Santal)


Autre exemple de mon cru (qui ne vaut que ce qu’il vaut) tout particulièrement d’actualité :

Carla Bruni est la première dame en France
Car, là, brunie, elle âpre, mit hier, dame !, en France
Un blanc seing quand son coeur déferle à Nicolas,
Humble en cinq ans son coeur de faire la nique, oh là !

 
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