vendredi 23 mars 2007

L’humour “anthume” d’Alphonse Allais

Alphonse Allais, qui naquit le 20 octobre 1854 à Honfleur, le même jour qu’Arthur Rimbaud, ne parla pas avant l’âge de trois ans et ses parents crurent qu’il était muet. Un comble pour ce roi des bons mots, des calembours, des aphorismes et cet humoriste hors du commun qui maniait la langue française avec simpicité et un talent époustouflant et qui n’écrivit pas moins de 1680 contes, des pièces en vers, des citations, des combles, des poèmes holorimes et des écrits humoristiques en tout genre qu’il finit pas réunir en trois volumes dans ses Œuvres anthumes, pour reprendre le néologisme de son invention. Le 27 octobre 1905, alors qu’il était atteint d’une phlébite et que son médecin lui avait ordonné le repos absolu et le régime sec, il se garda bien de respecter la consigne du docteur et se rendit au bistrot où il annonça à ses amis : « Demain, je serai mort », en ajoutant : « Vous trouvez ça drôle, mais moi je ne ris pas. Demain, je serai mort. » Le lendemain matin, Alphonse Allais fut foudroyé par une embolie pulmonaire. Il avait cinquante et un ans. Ce fut le dernier trait d’humour anthume de ce prince des mots d’esprit et non moins philosophe lucide dont l’humour pionnier demeure indémodable et pour lequel on aurait pu emprunter cette épitaphe trouvée sur une tombe anonyme : « Je vous l’avais bien dit que j’étais malade ! ».
Et comment ne pas évoquer un autre fameux trait d’humour anthume qu’aurait pu écrire Alphonse Allais. Un condamné à mort est conduit un lundi devant l’échafaud et s’exclame: « Voilà une semaine qui commence bien ! ». Cette anecdote irrésistible, inventée pour illustrer la nécessité de l’humour même et surtout quand la situation est dramatiquement désespérée, est d’un personnage illustre qui ne passe pourtant pas pour un rigolo : Sigmund Freud !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Une autre épitaphe amusante, citée par Claude Gagnère dans son ouvrage remarquable "Pour tout l'or des mots".
Elle figure sur quelques sarcophages romains: "NF. F. NS. NC."
soit, en développant: "Non fui, Fui, Non sum, Non curo"

traduction:

"Je n'ai pas été, J'ai été, Je ne suis plus, Je m'en fiche"

Pour faire le lien avec la chronique précédente de notre blogger préféré je lui laisse le soin d'exercer son talent sur la ponctuation possible de cette phrase, à l'instar du célèbre veni vidi vici.

Anonyme a dit…

Humour très "antediem" de Max!

 
compteur configurable