Alternance présidentielle et rupture
Décidément les Présidents de la République française de la cinquième République se suivent et ne se ressemblent pas. Notre nouveau président, Nicolas Sarkozy, avec son petit mètre 65 (sans estrade ni talonnettes) va succéder quelques 25 cm plus bas à Jacques Chirac. Ce dernier a tenu les rênes de l’État, la tête perchée à 1m90 au dessus du sol pendant douze ans après avoir pris la suite de François Mitterrand, lequel règna à l’Élysée pendant quatorze années à seulement 1m73 d’altitude. En 1981 celui qui allait devenir Tonton chassa de son palais de la rue du Faubourg Saint-Honoré un homme d’une plus grande hauteur de vue que lui, Valéry Giscard d’Estaing, puisque celui-ci culmina à 1m89 durant un septennat, soit 16 cm au dessus, après avoir saisi l’opportunité de la mort prématurée de Georges Pompidou, nettement plus petit que lui, pour devenir le Président du « changement de taille dans la continuité ». Tout le monde sait que le président Georges Pompidou succéda à un géant d’1m93, le général Charles de Gaulle, dont il fut un relativement petit premier ministre, en taille s’entend. Ainsi peut-on dire qu’en France, l’alternance a toujours été au rendez-vous lors des élections aux plus hautes fonctions de l’État et que, ce dimanche 6 mai 2007, le principe même de celle-ci a été une fois de plus respecté et sauvegardé.
Mais il n’est pas inintéressant de constater que la taille d’un homme politique et en particulier d’un président de la République n’est pas un élément secondaire ni un détail dans le destin du pays qu’il préside. La France serait-elle ce qu’elle est si nos présidents avaient choisi leurs collaborateurs, à commencer par leurs premiers ministres, en fonction de leur propre taille ? Aucun Français n’ignore que des hommes tous deux de petit gabarit comme François Mitterrand et Michel Rocard ne pouvaient pas se sentir tout comme les géants approximativement de la même taille Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing sans parler évidemment de Jacques Chirac et Lionel Jospin (1m84), à peine moins grand que son supérieur hiérarchique direct, qui cohabitèrent dans des relations pour le moins acides et glaciales. D’ailleurs tout le monde le sait, les contraires s’attirent et les semblables se repoussent. Exception faite de Jacques Chirac et Dominique de Villepin (1m93 comme de Gaulle) qui allaient très bien ensemble et du couple infernal Jacques Chirac-Nicolas Sarkozy, force est de constater qu’en politique les petites pointures s’entendent mieux avec les grandes et vice-versa. Que je sache, il n’y avait aucune incompatibilité entre le Général de Gaulle et ses premiers ministres successifs qui lui arrivaient à l’épaule, Michel Debré et Georges Pompidou, lequel, soit dit en passant, avait une femme à laquelle il arrivait au menton et avec laquelle il s’entendait très bien aussi. Le longiligne et osseux président Valéry Giscard d’Estaing avait d’excellentes relations avec le petit rondouillard Raymond Barre. Idem pour Mitterrand et l’armoire à glace Pierre Maurois ou ce grand dadais de Laurent Fabius qui doit avoir, à la louche, la même taille que Lionel Jospin. De même à l’international et aux affaires étrangères, qui a oublié ces couples légendaires filant le parfait amour, bien que de bords politiques opposés, celui de l’immense Valéry Giscard d’Estaing et du petit Helmut Schmidt au bord d’une piscine dans les Antilles françaises ou du minuscule François Mitterrand et du molosse Helmut Kohl (1m93) se tenant tendrement par la main à Berlin.
Loin de moi l’idée d’affirmer que les plus grands sont les plus bêtes, cependant il est indéniable qu’un homme quel qu’il soit -et un homme d’État en particulier- ne développe pas la même stratégie vis-à-vis de ses semblables, hommes ou femmes, selon sa taille. Napoléon, s’il avait été grand, n’aurait peut-être fait qu’un Jacques Chirac et de Gaulle, s’il avait été petit, aurait eu le destin au mieux d’un vulgaire ersatz de Napoléon 1er, au pire d’un piètre François Hollande (1m76 quand même mais comparé au Général…). Quand on a une stature physique qui permet de toiser de très haut ses amis, ses relations ou ses adversaires, il n’est pas forcément nécessaire de développer ses capacités d’intelligence ou même tout simplement son charme à un très haut niveau pour arriver à ses fins. A contrario, il y a plus de chance qu’un petit homme d’État se sente obligé de privilégier la ruse, la manipulation, le charisme voire même l’humour pour accéder à l’échelon le plus élevé de l’État et s’en servir dans ses fonctions suprêmes. Il est d’ailleurs troublant que bien des hommes déterminants dans les affaires du monde ou de leur pays, pour le meilleur comme pour le pire, se recrutent parmi les hommes plutôt petits. Parmi les tyrans sanguinaires, hormis Amin Dada (1m89) qui donnait aux crocodiles ses ennemis en pâture, Adolf Hitler ne mesurait qu’1m72 (peut-être avec talonnettes), Mussolini 1m69 et Staline 1m73. À l’inverse, des hommes de bien comme Saint François d’Assise, Gandhi, Martin Luther King ou l’abbé Pierre ne mesuraient respectivement qu’1m62 , 1m60, 1m69 et 1m68. Quant à Louis XIV, Napoléon et Winston Churchill, on leur attribue une taille de seulement 1m62, 1m69 et 1m68. Cela dit, Charlemagne mesurait 1m93 , François 1er 2 mètres et Louis XVI 1m90. Reste un petit grand de ce monde qui fait froid dans le dos, Poutine (1m70) et dont on ne sait pas encore dans quelle catégorie, des bons ou des méchants, le classer tout comme notre nouveau président de la République. L’avenir et l’histoire trancheront.
Mais la véritable alternance, pour ne pas dire la rupture, à partir du 16 mai 2007 n’est pas celle que l’on croit. En effet, après 42 ans de calvitie (René Cotty avec sa raie sur le côté de premier communiant n’était pas chauve), c’est la première fois qu’un président de la République française sera chevelu. Tous nos présidents de la cinquième République depuis 1965 étaient sinon chauves du moins largement dégarnis, Georges Pompidou, toutes proportions gardées, apparaissant comme le moins atteint par l’alopécie androgénique, peut-être par simple effet d’optique par rapport à ses sourcils drus. Mieux encore aucun des trois premiers candidats arrivés au premier tour des élections présidentielles n’était déplumé, la palme revenant à Ségolène Royal pour la longueur de sa toison. C’est peu de dire que la rupture et l’alternance auraient de toute façon été au rendez-vous du 6 mai 2007 quel que soit le verdict populaire et on frémit à la pensée d’un deuxième tour qui aurait opposé les crânes d'Alain Juppé et de Laurent Fabius, des hommes qui ont le double handicap d’être grands et chauves et par dessus le marché celui d’avoir déjà exercé la fonction de premier ministre. Cela n’aurait rien auguré de bon pour le nouveau quinquennat.
Mais l’élection présidentielle a vécu. Le président Nicolas Sarkozy s’apprête à emménager à l’Élysée et à passer une première nuit dans l’immense lit de Jacques Chirac. Nous attendons donc avec impatience les premiers effets de l’alternance et de la rupture tant annoncés.
Vive la République, vive la France !
1 commentaire:
Nous ne doutions pas que Maxd était l'un de nos meilleurs politicologues, mais là il se surpasse. A l'heure où les hommes (et femmes) politiques ne sont plus que des images plates sur écran cathodique ou papier glacé, il est temps de revenir à la vérité des chiffres.
Je propose que l'on inscrive le principe de l'alternance des tailles dans la constitution, en interdisant que succède à un président un nouveau président ne présentant pas une différence de taille d'au moins 30 cm. La sélection par la toise, permettrait de donner un peu de hauteur à des campagnes électorales où beaucoup de candidats ne "font pas la maille"
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