Opéra-comique
Pas si comique que ça, l’opéra-comique si on réfléchit bien ! Né à la fin du règne de Louis XIV sur les tréteaux des foires parisiennes où se pressaient le petit peuple comme la grande noblesse, ce théâtre très populaire avait au début pour répertoire des parodies d’opéras. Il se rapprochait de la commedia dell’arte dont il avait récupéré les personnages, comme Arlequin ou Colombine , des comédiens italiens présents en France depuis longtemps mais chassés hors de Paris par le Roi-Soleil. Comme l’opera buffa dont en partie il était issu, il traitait dans un langage vernaculaire de questions intéressant le petit peuple sur un ton léger, plaisant et amusant. Mais à la différence de l’opera buffa, né aussi de la commedia dell’arte, qui consistait en petits intermèdes comiques (intermezzi) placés entre les actes d’un opera seria (sérieux) et qui donc en dépendait, l’opéra-comique était un genre complètement autonome fondé sur la satire du grand opéra sur un mode ironique souvent très politique.
Pourtant s’il s’oppose à l’Opéra de Paris par son caractère parodique digne des chansonniers, par des héros et des thèmes simples et proches des gens et par un mélange de parler et de chanter en français, un peu comme dans l’opérette (mais dans cette dernière l’exigence musicale notamment pour les voix est moindre) –pour l’Opéra de Paris au contraire, de grands récitatifs, des héros antiques et uniquement le chant-, le théâtre de l’Opéra-comique sera ensuite un lieu de création d’innombrables œuvres lyriques plus sérieuses, sentimentales, dramatiques voire même tragiques comme Pelléas et Mélisande de Debussy, œuvre par-dessus le marché musicalement difficile, pour ne citer que celle-ci. On peut même dire que l’ensemble des œuvres du répertoire actuel de l’Opéra de Paris vient de l’Opéra-Comique.
Mais quel est actuellement l’avenir de la salle Favart, le dernier authentique théâtre à l’italienne de Paris, qui, après maintes fermetures et subventions, est en train de renaître de ses cendres ? Il tient dans le projet de son nouveau directeur qui semble vouloir avec passion redonner au Théâtre de l’Opéra-comique non seulement sa vocation première de grand théatre lyrique et de lieu de création mais encore son âme et cela dans toute sa tradition historique c’est-à-dire avec un répertoire hétérogène allant de la satire et la loufoquerie jusqu’à des œuvres plus exigeantes et sérieuses. Et ce directeur n’est autre, tenez-vous bien !, que le créateur, avec Macha Makeïeff, des Deschiens, Jérôme Deschamps !
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