samedi 2 juin 2007

Le nouveau camembert va arriver

hemicycle.1180721471.jpgDécidément, François Bayrou a fait des émules. Après les courageux transfuges parlementaires de l’UDF qui veulent créer un grand parti du Centre en lui piquant son idée, voilà que le Monde titre dans son édition datée d'aujourd'hui : Mme Royal se pose en leader de l’opposition et rêve de créer un « grand parti de masse ». On attend donc avec impatience les prochaines déclarations de Marie-George Buffet nous annonçant que le nouveau Parti Communiste est arrivé ainsi que celles de Jean-Marie le Pen, lequel a d’ailleurs déjà prévenu qu’il voulait réorganiser de fond en comble le Front National. Je renvoie tout ce beau monde à mon post du 24 mai « Modem et MoDem » pour trouver de nouveaux sigles à leurs partis, s’ils sont en manque d’imagination. Mais là n’est pas la question.
Le problème c’est qu’à travers cette réorganisation politique se cache tout simplement un empiètement d’électorat ou, pour le dire autrement, un véritable détournement de clientèle qui va transformer l'Assemblée Nationale, si les créations de partis continuent comme ça, en un véritable millefeuille politique dont la formation relèverait directement de la tectonique des plaques.
Je m’explique : L’UMP empiète déjà sur les plates-bandes du Front National et essaie d’empiéter sur le centre-gauche bayrouiste et socialiste par l’embauche (c’est-à-dire le débauchage) de personnel politique venant de ces contrées-là. Le futur grand parti du Centre espère non seulement glisser sur les franges gauches de l’UMP mais encore et surtout sur l’ensemble du MoDem qu'il veut détrôner. Le grand « parti de masse » de Ségolène Royal (Tiens ! où est passé le mot « gauche » ?) aura pour ambition de prendre carrément la place du nouveau parti de François Bayrou ou de se trouver au même endroit que lui sur l’échiquier politique qui, comme chacun sait, ressemble à un demi-camembert bien fait.
On aura tous compris que tout cela risque d’être très compliqué et que jouer sur un échiquier ayant la forme d’un pareil fromage ne sera pas partie facile. C’est pourquoi il est urgent de trouver de bons architectes d’intérieurs pour reconstruire l’hémicycle de l’Assemblée nationale afin de faire cohabiter tant bien que mal tous nos élus, sachant qu’il faut absolument respecter, avec la précision d'une aiguille de manomètre, la place des députés par rapport au perchoir : plus ceux-ci sont à gauche, plus ils devront être placés à droite (et oui !) quand on regarde le perchoir et inversement plus ils sont à droite et plus ils devront s’asseoir à gauche quand on regarde ce même perchoir, ceux du centre, qu’ils regardent le perchoir ou qu'ils lui tournent la veste, occupant de toute façon la même zone, celle du milieu. Dans ces conditions, une quantité non négligeable de députés de partis différents mais de sensibilités politiques parfaitement identiques devront s'entasser dans une même portion de camembert, le nombre de places assises n'en étant pas modifiable. La seule solution sera donc de construire au Parlement des mezzanines ou plusieurs demi-camemberts en étage afin que les élus du parti de masse de Madame Royal, ceux du grand parti du Centre de Messieurs Morin et Bourlanges et ceux du MoDem de Monsieur François Bayrou puissent faire semblant d'observer le perchoir à des niveaux différents mais dans le même axe et avec le même angle de visée.
Tout ça pour dire que l’histoire retiendra un jour qu’avec l’avènement du président Sarkozy, le camembert a varié.

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