vendredi 27 juillet 2007
lundi 23 juillet 2007
Humour au (septième) ciel
Un commandant de bord doit-il à tout prix, quand il s’adresse à ses passagers, parler comme un monstre froid, avec un débit rapide, en mangeant la moitié de ses mots, sur un ton monocorde de pur technicien-jouant-le-rôle-de-père-protecteur et surtout sans exprimer la moindre touche personnelle. C’est la question que je me suis posée hier alors que je me trouvais dans un appareil d’Air France quelque part au-dessus des Alpes suisses entre Gênes et Paris ? Comme beaucoup d’entre vous, j’ai souvent voyagé en avion et donc écouté la voix d’autant de commandants de bord et cependant, parmi toutes ces voix conventionnelles, impersonnelles et parfaitement interchangeables de pilotes de ligne, je me souviens une fois être tombé sur une qui sortait nettement du lot. Cette voix était chaleureuse, elle prononçait les mots tranquillement avec un souci d’intelligibilité, elle chantonnait carrément et surtout l’homme qui l’utilisait prenait la peine de mettre une note d’humour dans son discours technique, que ce soit à propos de la météo, des fameuses turbulences ou de ce que l’on a coutume d’appeler à tort les trous d’air. Ce commandant de bord, à l’évidence, aimait son métier et ses passagers, et il ne donnait pas l’impression de transporter du bétail(*). Croyez-vous que les autres passagers et moi-même l’aient jugé incompétent pour autant ? Bien au contraire, il nous inspirait encore davantage confiance et, grâce à lui, les plus peureux d’entre nous reprenaient des couleurs.
A propos de rire et de commandant de bord, voici une anecdote savoureuse qui m’a été rapportée par un ami. Alors que celui-ci se trouve dans un avion, le commandant de bord se présente par son nom qui n’est autre que de Funès puisqu’il est le fils de notre grand comique national qui joua le Gendarme de Saint-Tropez. Mais à peine ont-ils entendu son nom que tous les passagers, à l’unisson, partent dans un éclat de rire général.
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(*)Dans le langage des pilotes et copilotes, les hôtesses de l’air et les stewards s’appellent, paraît-il, la poulaille !
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samedi 14 juillet 2007
L'humour de Kurt Elling
En voilà un au moins qui ne se la pète pas ! Kurt Elling, l’une des plus grandes figures du jazz vocal actuel, swingueur hors pair considéré par le San Francisco Chronicle, comme “le chanteur jazz le plus créatif et le plus flamboyant des dix dernières années”, resplendit sur scène par sa voix baryton de velours qui, sur quatre octaves, exprime et communique une émotion inouïe, par sa technique vocale qui vous donne l’illusion d’entendre un véritable instrument (il va jusqu’à imiter le saxo de John Coltrane, la contrebasse de Charlie Haden ou des envolées aiguës de guitare électrique), par sa créativité dans sa manière de reprendre des standards de Sinatra, Fred Astaire et Dean Martin et de mettre ses propres paroles et sa propre émotion sur des improvisations de Keith Jarrett ou Dexter Gordon, de se lancer a capella enfin ou de vous offrir en français s’il vous plaît ! la chanson de Jean Sablon « Je tire ma révérence » accompagné seulement de la contrebasse.
Mais ce qui frappe tout autant chez ce presque quadragénaire cultivé natif de Chicago qui se destinait d’abord au professorat de philosophie, c’est le charisme et surtout l’humour, un humour toujours présent qui teinte littéralement le personnage dans la masse autant par sa façon de ne pas se prendre au sérieux sur scène que par ses clins d’œil à son public transporté, ses reprises parfois parodiques des grands classiques des crooners américains et sa manière de surprendre ceux qui l’écoutent. Kurt Elling ne va-t-il pas jusqu’à glisser avec malice dans la langue de Molière, entre deux improvisations elles-mêmes humoristiques de ses musiciens qui valent le déplacement à eux tous seuls (l’incroyable pianiste Laurence Hobgood, le précis et percutant contrebassiste Ron Amster et le batteur tout en nuance et en souplesse Willie Jones) des aphorismes tirés de La Fontaine, Voltaire et Rousseau dont la présence incongrue dans le spectacle vous fait mourir de rire.
Rien à voir avec Keith Jarrett, tout aussi génial mais dans un autre genre, qui ignore superbement le public et se livre, dos tourné, à d’extraordinaires improvisations au piano avec une rigueur monacale et une précision arithmétique (ce qui n’enlève rien à son génie) tout en exigeant du public une écoute religieuse qui n’admet pas la moindre toux d’un spectateur.
Bref le talent immense, l’émotion, le romantisme, la tendresse, l’élégance et puis l’humour ! La classe quoi ! Chapeau Monsieur Kurt Elling !
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lundi 9 juillet 2007
Aphorismes
Pour avoir le moral, il me suffit de voir un cul-de-jatte.
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Être libre, c’est être nu. Oui, mais être nu place de la Concorde, c’est avoir la certitude de se trouver, dans les plus brefs délais, derrière les barreaux.
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Aphorismes personnels in Aphorismes de comptoir, Ed. L’Adret-1999
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jeudi 5 juillet 2007
Rire de tout
Pierre Desproges disait qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Sans doute. Faire rire de tout en revanche me semble autrement plus difficile et n’est pas donné à tout le monde. À moins d’être toujours inspiré y compris pas des événements ou des comportements qui habituellement nous font pleurer. Pour cela, il faut beaucoup de doigté, encore plus d’esprit, énormément de recul, un zeste de méchanceté, un gros fond de vérité, le tout cachant une bonne dose de générosité. Cela donne, si je ne me trompe pas, l’humour noir.
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dimanche 1 juillet 2007
Insultes
Sur le blog d’Helen Faradji, ancienne critique de cinéma québécoise, Arrête ton cinéma ! (*), on trouve, provenant parfois de femmes, quelques phrases assassines et sexistes qui ont la particularité d’avoir été proférées par des célébrités sur d’autres célébrités.
Exemples :
«Elle est capable d’exprimer toute la gamme des émotions, de A à B.»
(L’actrice Dorothy Parker, à propos de Katharine Hepburn)
«On dirait un aspirateur avec des mamelons.»
(Otto Preminger, à propos de Marilyn Monroe)
«J’ai toujours su que Frank se retrouverait au lit avec un garçon.»
(Ava Gardner, à propos du mariage de Frank Sinatra avec Mia Farrow)
Au moins ces citations ont-elles l’avantage de ne pas manquer d’humour, à la différence de la phrase volée, on ne peut plus directe et sans esprit, de Patrick Devedjian traitant Anne-Marie Comparini de salope, une phrase prononcée pourtant avec un sourire tordu.
Qu’on se le dise, les célébrités et les hommes politiques ont intérêt à faire attention une fois pour toute aux murs qui ont des oreilles et des caméras. Dire qu’à deux siècles près, on aurait pu voir sur Dailymotion Napoléon lancer le 28 janvier 1809 à son grand chambellan Talleyrand soupçonné de trahison : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie ! ».
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(*) http://www.arretetoncinema.blogspot.com/
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