mercredi 19 septembre 2007

Destin

Quand j’observe les gens dans la rue, je ne peux m’empêcher d’imaginer, s’ils sont jeunes, le visage qu’ils auront quand il seront devenus des personnes âgées et inversement, s’ils sont vieux, comment ils étaient quand ils avaient quarante ou cinquante ans de moins. J’ai même parfois poussé le vice jusqu’à les imaginer sur leur lit de mort en vieillards cacochymes ou dans leur berceau quand ils étaient nourrissons. À cet égard, il y a pas mal de personnes dont j’ai pensé en voyant leur visage qu’ils avaient dû faire de bien vilains bébés !

Hier j’ai croisé dans la rue une jeune fille souriante aux joues roses d’une vingtaine d’années, dynamique et volontaire, mais à peine a-t-elle échappé à mon regard que je l’ai imaginée à soixante-dix ans, comme si j’y étais, en veuve brisée devant le cercueil de son (futur) époux le jour de ses obsèques. Et pour tout dire, j’ai failli rebrousser chemin pour retrouver cette jeune fille afin de lui présenter par anticipation mes condoléances.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Max, nous sommes de bien piètres critiques depuis quelques temps... Avec les vacances, j'avoue avoir délaissé l'outil informatique et relis seulement maintenant tes derniers articles.
Pour celui-ci, c'est assez drôle, moi aussi j'adore regarder les gens et souvent, j'imagine, la tête des (potentiels) conjoints. Je le fais souvent avec mes patients lorsque je ne vois que l'un des deux parents et je suis la plupart du temps "étonnée" des couples inattendus que l'on peut rencontrer, tant sur le plan du caractère que des attitudes. Comme quoi la nature n'a rien de prévisible !

Anonyme a dit…

J'ai bien souvent les mêmes interrogations. Tu te souviens sans doute du pessimisme de COHEN dans BELLE DU SEIGNEUR qui décrit par anticipation le flétrissement inéluctable des jeunes épidermes et projette sur les féminines beautès de son roman les images de l'ineluctable viellerie. Mais, Max,il doit t'arriver, comme à moi, d'exercer ton imagination dans un autre domaine: essayer de mettre une profession, une activité, un statut social sur les visages que tu observes le temps d'un parcours de métro ou d'attente dans une queue de cinéma. Les surprises seraient grandes de découvrir que celui que tu penses être un boucher exerce la belle fonction de chef de service du recouvrement des impôts du 4éme arrondissment. Ou que celui que tu prends pour un magistrat tient la sex shop de la rue Stella ou encore que tel quinqua à la coiffure catoganesque n'est autre qu'un talentueux ORL.

maxD a dit…

Heureux de retrouver vos commentaires pertinents, Laure et Ruplinger. J'aime assez les surprises quand j'observe les gens, couples inattendus ou professions qu'on attendait pas. Mais au fond, rien n'est pire que d'avoir la tête de l'emploi et je me dis souvent qu'un droguiste au look de notaire ou'un notaire à la tête de pompiste ne doivent pas être de mauvais hommes. En ce qui me concerne, mon physique de mafioso présente le grand avantage de me protéger des malftats tout simplement parce que je leur fais peur…

 
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