L'humour de Queneau et de Piem
Connaissez-vous ce livre de Queneau, La douleur à bras-le-corps (Éditions Médicis) ? Non pas Raymond mais Patrice qui, en ce qui concerne la fantaisie et l’originalité, n’a rien à envier à l’auteur de Zazie dans le métro et au fondateur de l’Oulipo (je connais personnellement cet homme hors du commun). Sur le fond, c’est un livre révolutionnaire tant il remet en cause un certain pouvoir médical imbu de sa science. Il nous rappelle avec humour et détermination (parfois au prix de répétitions qui ne sont d’ailleurs pas inutiles) que les médecins sont au service du patient et non l’inverse. C’est un plaidoyer de bon sens à la fois sérieux et plein d’humour contre la douleur et pour placer au dessus de tout le souci de soulager la souffrance des malades en commençant par les écouter et sans faire une confiance aveugle dans la technique ou dans les examens qui, comme le disait un grand patron de médecine, sont (parfois) faits pour tromper le médecin. Dans ce livre pourtant écrit par des médecins éminents (Patrice Queneau, est membre de l’Académie nationale de médecine et, tout comme Pierre Grandmottet et Gérard Ostermann, professeur de thérapeutique), les médecins en prennent pour leur grade (quel grand art dans l’autodérision !) et les dessins de Piem, irrésistibles et tellement drôles et vrais, enfoncent le clou avec délicatesse pour le grand plaisir du lecteur. Chacun d’eux est un vrai bijou, un véritable chef d’œuvre où chaque détail compte : je pense par exemple au dessin représentant un malade tout nu et tout petit devant plusieurs médecins siègeant comme des juges dans un tribunal et au visage de chaque médecin exprimant chacun de manière différente le peu de cas qu’ils font de ce pauvre patient humilié qui doit par-dessus le marché prouver qu’il est malade.
Un livre à recommander aux médecins comme aux non médecins et qui peut faire avancer à grands pas, justement grâce à son humour, le schmilblic de la lutte contre la douleur et pour plus d’humanité dans notre monde et plus particulièrement dans la médecine où les brutes, semble-t-il, ne manquent pas.
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•En haut à droite : dessin exécuté cette après-midi par Piem pour votre serviteur lors de la Fête du livre de Saint-Etienne.
•Blog du Professeur Patrice Queneau : http://www.santereflexion.canalblog.com/
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