mercredi 17 octobre 2007

L'humour de Galabru


Imaginez que vous êtes en train de parcourir Pariscope un peu au hasard à la recherche, pour la soirée qui s’annonce, d’un spectacle sympa à ne pas se prendre la tête quand il est 20 heures et que vous tombiez toujours par hasard sur une pièce dont le titre est “Les Chaussettes” opus 124 avec Michel Galabru (vous ne faites même pas attention au reste de la distribution). Comme vous vous attendez, d’après le titre de la pièce, à une comédie de boulevard très drôle et que vous vous ne lassez pas de cet acteur de théâtre (La femme du Boulanger) et de cinéma (Le Viager, et bien sûr l’adjudant Gerber de la gendarmerie de Saint-Tropez), peut-être faites-vous comme moi, la semaine dernière : vous foncez, tête baissée, ligne 4 direction Porte de Clignancourt-changement Strasbourg-Saint-Denis-direction Havre-Caumartin, espérant grâce un désistement de dernière minute obtenir à 20 h 57 une modeste place, même sur un strapontin branlant. Arrivé à bout de souffle au théâtre des Mathurins, trois surprises de taille vous attendent alors :
Primo, on vous donne une place sans difficulté et, par-dessus le marché, on vous fait même choisir votre fauteuil et le prix, comme si vous réserviez trois mois à l’avance.
Deuzio, la salle est à moitié vide (et non à moitié pleine), encore des fauteuils libres au parterre, à peine un rang et demi à moitié pleins cette fois au premier balcon et ne parlons pas du deuxième qui est désert ou presque. Il est vrai que c’est le soir de la coupe du monde de rugby. Mais pour Michel Galabru, quand même !
Tertio, surtout, le Galabru qui joue ce soir n’est pas tout à fait celui que vous attendiez. Ni la pièce. Ni la distribution qui se limite à un duo, l’autre comédien étant une figure emblèmatique du théâtre dit sérieux, Gérard Desarthe. L’argument : deux acteurs complètement différents, une grande vedette populaire et un intello introverti, répètent un numéro de clowns. Les chaussettes trouées de l’intello mettront le feu aux poudres et la répétition va rapidement tourner aux hostilités ouvertes. La truculence et la simplicité toute bonhomme de Galabru s’oppose délicieusement au sérieux et à la cérébralité de son partenaire qui, tout grand esprit qu’il soit, n’en est pas moins désespéré par sa calvitie. C’est surtout l’histoire de deux désespérances et d’une amitié qui finalement se noue dans la rudesse entre deux hommes terriblement seuls que tout sépare. Chaque acte est ponctué de duos de violon et violoncelle interprétés par les personnages et qui sont loin d’apporter une once de gaieté, à moins qu’elle ne soit acerbe, au spectacle.
Galabru est drôle, certes, mais pas vraiment où on l’attendait. C’est que sa faconde, ses coups de gueule et ses mimiques sont, dans cette pièce, autant de paravents pour cacher le désespoir et l’amertume d’un homme en fin de carrière rongé par la solitude et dont la seule compagnie se résume à un chat qu’il est prêt à manger pour survivre.
Alors si vous allez voir Michel Galabru dans cette pièce de Daniel Colas dans l’espoir de vous éclater et de vous régaler d’une comédie légère pleine de rebondissements et de quiproquos, autant vous le dire tout de suite : c’est raté !

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