Voici en exclusivité le dialogue confidentiel que Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont eu ce 16 mai 2007 à l’Élysée lors de la traditionnelle passation de pouvoir. La scène s’est déroulée dans le bureau du président de la République qui donne, comme chacun sait, côté jardin. Les deux hommes, à ma connaissance, étaient seuls. Mais les murs de l’Élysée, comme chacun sait, ont aussi des oreilles.
Jacques Chirac : Bienvenue au club, mon petit Nicolas. Avant de passer aux choses sérieuses, toi et moi, si on se prenait une petite bière ?
Nicolas Sarkozy : Si vous me le proposez si gentiment, Monsieur le Président, j’aurais mauvaise grâce de refuser.
JC : Que dirais-tu d’une bonne bière 33 ?
NS : Je vois que vous êtes un connaisseur, Monsieur le Président.
JC : Bon. Mon petit Nicolas, c’est pas tout ça. Comme tu le sais, j’ai un certain nombre de choses très importantes à te dire. Mais que dis-je, à te dire ! À te transmettre.
NS : Monsieur le Président, avant que vous me transmettiez quoi que ce soit, je vous serais reconnaissant de ne plus m’appeler mon petit Nicolas et surtout de ne plus me tutoyer. Vous parlez désormais au nouveau Président de la République de la France.
JC : Eh bien nous sommes deux ! Ha !Ha !Ha ! Elle est bien bonne celle-là ! Pas de problème, mon petit Nicolas ! Maintenant c’est toi…euh c’est vous le chef. Loin de moi l’idée de le contester, croyez-moi.
NS : Alors activons, Monsieur le Président, je n’ai pas que ça à faire. J’ai trente-six rendez-vous qui m’attendent aujourd’hui, trois coups de téléphone à donner à des rédacteurs en chef, une virée en décapotable sur les Champs-Élysées, un avion à prendre pour Berlin que je ne voudrais surtout pas rater sans oublier mon jogging et, en plus, toutes ces louches à serrer à la salle des fêtes de l’Élysée dans quelques instants. Alors je vous en prie allons rapidement au fait.
JC : Ne t’inquiète pas, mon petit Nicolas…Oh pardon, Monsieur le nouveau Président. Ne vous inquiétez pas. De toute façon, ça ne va pas traîner. Tu sais…euh vous savez…nous n’avons pas tant de chose à nous dire si ce n’est…
NS : Si ce n’est ?
JC : Eh bien la première chose, c’est une affaire de fuite.
NS : Une fuite ? Mais c’est très grave.
JC : Oui c’est très grave et même c’est une affaire, je ne vous le cacherai pas, de la plus haute importance puisqu’elle est partie du niveau le plus élevé de l’État.
NS : Vous voulez dire depuis l’Élysée ?
JC : Pire encore
NS : Vous n’allez pas me dire depuis le bureau où nous sommes présentement ?
JC : Et si, mon petit Nicolas.
NS : Je n’ose pas y croire
JC : Vous voyez le radiateur, là, près de la fenêtre. Eh bien il fuit comme un robinet ouvert. J’ai mis une gamelle pour éviter le pire et je suis obligé de la vider toutes les dix minutes. Mais voilà, ça ne suffit pas.
NS : Mon Dieu, mais c’est affreux
JC : Ça encore, c’est rien. Savez-vous que j’ai appris par les Renseignements Généraux que tout cette eau s’infiltre dans les bas-fonds de Paris à travers un réseau très complexe qui passe sous la Seine et qu’elle se déverse directement au siège du PS, rue de Solférino, en remontant par capillarité jusqu’au bureau de son secrétaire général.
NS : Tout bien considéré, Monsieur le Président, que François Hollande ait les pieds dans l’eau, c’est pas plus mal !
JC : Certes, mon petit Nicolas. Cela dit, cette fuite de l’Élysée jusqu’au PS, ça peut devenir une véritable affaire d’État qui va éclabousser tout le monde. Remarquez, ce n’est plus mon problème et désormais c’est le vôtre, mon petit Nicolas Alors, sans vouloir vous donner de conseil, si j’étais à votre place, je ferais venir le plombier dans les plus brefs délais. Vous pourrez l’appeler de ma part. Tenez. Voici son numéro de téléphone.
NS : Très bien. Je saurai m’en souvenir, Monsieur l’ancien Président de la République.
JC : La deuxième chose à vous dire avant que je vous remette le trousseau de clefs de la maison, mon cher nouveau Président, c’est à propos de Bernadette.
NS : Bernadette ? Vous voulez dire…
JC : Mais oui Bernadette, la femme de ménage préposée au nettoyage du bureau présidentiel.
NS : Ah bon, vous m’avez fait peur…
JC : Figurez-vous qu’elle m’a demandé une augmentation.
NS : Elle est aux 35 heures ?
JC : Hélas oui Monsieur le nouveau Président.
NS : Oh mais avec moi ça sera pas compliqué. Si elle veut gagner plus, il faudra qu’elle travaille plus. Donc elle n’aura qu’à se lever tôt et faire des heures supplémentaires. Un point c’est tout.
JC : Très bien, très bien, je vous laisse le soin de faire le nécessaire. Venons-en à la troisième chose importante que j’ai à vous dire.
NS : Je vous écoute.
JC : Voilà. Vous êtes un âne.
NS : Je vous demande pardon, Monsieur le Président ?
JC : Vous avez très bien entendu et je le répète : vous êtes un âne.
NS : Pourriez-vous me redire cette phrase en me regardant droit dans les yeux ?
JC : En vous regardant droit dans les yeux, je vous le dis : vous êtes un âne.
NS : Mais je ne vous permets pas de vous adresser de la sorte au Président de la République française.
JC : C’est exactement ce que j’ai rétorqué à Mitterrand en mai 1995 lors de la passation de pouvoir quand il m’a dit exactement ces quatre mots et, croyez-moi, lui aussi il me regardait droit dans les yeux.
NS : Non ! Mitterrand vous a dit « Vous êtes un âne » ?
JC : Comme je vous le dis, mon petit Nicolas
NS : Ha ! Ha ! Ha !…Hi ! Hi ! Hi !…
JC : Enfin je vous en prie, mon tout petit Nicolas et surtout n’en rajoutez pas
NS : En tout cas, Monsieur l’ancien Président, ce n’est pas moi qui me permettrais de dire à mon successeur « Vous êtes un âne », si tant est que j’aie un jour un successeur car, pour ne rien vous cacher, j’espère bien rester Président de la République à vie.
JC : Ça m’étonnerait.
NS : Ah ! ça vous étonnerait que je reste à l’Élysée toute ma vie ?
JC : Ah non. Ça, mon petit Nicolas, je vous en crois tout à fait capable. Je vous connais.
NS : Alors qu’est-ce qui vous étonnerait ?
JC : Que vous ne disiez pas à votre successeur : « Vous êtes un âne ».
NS : Et pourquoi ça ?
JC : Tout simplement parce que cette petite phrase assassine « Vous êtes un âne », ce n’est ni plus ni moins, avant cryptage numérique en présence du Chef des Armées, surtout ne le répétez à personne, que le code secret du feu nucléaire !
____________________________
Photo : Avant de quitter définitivement l’Élysée, le Président Chirac redonne le code secret de la force nucléaire au Président Sarkozy.