mercredi 30 mai 2007

Charivari

Dans les villages du Moyen-Âge, il ne faisait pas bon faire preuve d’originalité ou d’individualité et encore moins enfreindre un tant soit peu les convenances sociales dans sa vie personnelle ou familiale. Le groupe, avec tout ce qu’il comporte de bêtement et de cruellement grégaire, avait vite fait de vous le faire payer très cher en se livrant à un charivari à votre endroit. Ce mot, qui désigne de nos jours un tapage collectif, un vacarme ou un grand bruit, était une sorte d’expédition punitive festive à laquelle prenaient part les membres de la communauté villageoise, lesquels, déguisés pour beaucoup, tapaient bruyamment sur des ustensiles de cuisine devant la maison du coupable dans une ambiance de farce et de chahut généralisé où se mêlaient rires perçants et grimaces obscènes jusqu’à ce que celui-ci reconnaisse sa faute et paye une amende. Les comportements répréhensibles étaient variés (remariage d’un veuf avec une jeune fille à une époque où les jeunes étaient rares, femmes qui battent leur mari, maris violents, pratiques sexuelles considérées comme déviantes mais aussi les avares et les étrangers) mais ils avaient en commun de risquer de mettre en péril le bon fonctionnement du groupe et sa morale coutumière. Remontant du tintamarre, le rire collectif, moqueur, sarcastique, terriblement destructeur et pour tout dire d’une cruelle méchanceté, en représentait l’arme fatale au point que les personnes ainsi humiliées et mises au ban de la société du village pouvaient en arriver à s’exiler voire même parfois à se suicider.
De nos jours le charivari a une connotation nettement moins féroce. N’empêche, on trouve régulièrement dans les faits divers des comportements grégaires qui ne valent guère plus cher que ces charivaris d’antan, à commencer par certains bizutages imbéciles et criminels où resurgit le rire archaïque agressif qui rabaisse et qui exclut sans parler des actes racistes ou homophobes commis à plusieurs parfois dans une ambiance de franche rigolade.
Dans le genre duo, il y a dix jours, dans le métro à Lyon, deux jeunes de 20 ans ont mis le feu avec un briquet aux vêtements d’un noctambule éméché qui cuvait son vin à six heures trente du matin, endormi sur son siège, le transformant en torche vivante. À ce jour, l’homme brûlé au troisième degré a survécu et est en réanimation mais il est question qu’on lui ampute la jambe. Sa vie a basculé. Aux policiers, les deux jeunes gens ont dit qu’ils avaient fait ça pour rigoler.

lundi 28 mai 2007

Aphorismes

Le travail, c’est la santé, la Santé, c’est la prison.

Des supporters tassés dans un stade de cinquante-mille places me font douter de l’humanité mais profondément croire au ballon rond.

______________________________

in Aphorismes de Comptoir, Ed. de l’Adret, 1999

jeudi 24 mai 2007

Modem ou MoDem

En ayant l’idée du MoDem, François Bayrou a fait très fort et prouvé qu’il est l’homme politique le plus moderne de France. Non pas en créant son Mouvement Démocrate ni droite ni gauche mais tout simplement en le baptisant du mot-valise de modulateur-démodulateur, cet appareil correspondant au périphérique, intégré ou non à nos ordinateurs domestiques, qui sert à communiquer par Internet avec des utilisateurs distants. Personne ne niera qu’à côté de l’antédiluvien Parti Communiste Français aux relents surannés de Maurice Thorez et Waldeck-Rochet fondé en 1920 au congrès de Tours comme celui déjà vieux-jeu et usé du Parti Socialiste Français à la sauce hollandaise né également dans cette ville en 1902, l’acronyme bayrouiste sonne dans notre République comme une géniale révolution futuriste et avant-gardiste comparable aux révolutions non moins majeures qu’ont représenté la roue, le chemin de fer, le moteur à quatre temps ou Internet dans la vie quotidienne des habitants de la planète. Alors on se demande ce qu’attendent les autres partis politiques pour changer enfin de nom et rattraper François Bayrou dans la modernité. Voici quelques suggestions personnelles que je leur propose :

• Parti radical de gauche : URL (Union des Radicaux Libres)
• Parti Socialiste Français : USB (Union des Socialistes Battants)
• Parti communiste français : ADSL (Anti Démocratie Sociale Libérale)
• Lutte ouvrière : OCTET (Organisation Communiste des Travailleurs et des Travailleuses)
• LCR : JPEG (Jeune Parti d’Extrême-Gauche)
• Parti des Travailleurs : MS DOS (Mouvement Social pour la Démocratie Ouvrière Socialiste)
• Mouvement pour la France (de Philippe de Villiers pour ceux qui l’ignorent) : PDF (Parti des Français)
• Front National : PARE FEU (PArti REpublicain des Français EUropéens)
• UMP : Base DATA (Base pour une Domination Absolue Tous Azimuts)
• Les Verts : APPLET (Association Pour la PLanETe)
• UDF : SMTP (Soudain Mouvement des Transfuges Parlementaires)

Avec de tels noms, nul doute que la rénovation politique sera véritablement en marche dans notre vieille République et que le Palais Bourbon ressemblera enfin à un gigantesque ordinateur du dernier cri fonctionnant à la vitesse de 577 mégabits. Restera alors le renouvellement des cadres de nos partis et surtout de leurs mentalités. Mais ça, c’est une autre histoire !

mardi 22 mai 2007

Mots croisés (2) : solutions

Voici les solutions des définitions des mots croisés du 11 mai. Fastoche, non ?

1- Livre pour analphabète (10 lettres) : ABÉCÉDAIRE
2- C’est déjà trop tard quand elle gagne (8 lettres) : GANGRÈNE
3- Chercheur invétéré (10 lettres) : DÉSORDONNÉ
4- Bande de curés (5 lettres) : ÉTOLE
5- Gammes de sol (6 lettres) : TERRES
6- Pour un passage qui pourrait littéralement nous faire crever (6 lettres) : CLOUTÉ
7- Redore le blouson (7 lettres) : RETEINT
8- Il flotte mais pas au point d’être nul (7 lettres) : VAURIEN
9- Se dit rarement au futur (3 lettres) : NON
10- Tâtons (10 lettres) : AVEUGLETTE

dimanche 20 mai 2007

Règles monastiques

Nous avons tous vu la photo du premier conseil des ministres de l’ère Sarkozy qui n’est pas sans rappeler une rentrée des classes : des grands garçons et des grandes filles bien sages qui se sont mis pour l’occasion sur leur 31, assis dans le salon Murat autour d’une table beaucoup trop grande pour eux et affichant un petit sourire courtois dans lequel on croit deviner un mélange de fierté et de petit lait.
Comme on sait maintenant que ce nouveau gouvernement ne veut pas perdre de temps pour se mettre au travail et qu’il va, sous l’impulsion du Président, mener de front et rapidement toutes les réformes et en même temps s’il vous-plaît !, on est amené à s’interroger si, après ces mines réjouies de circonstance du premier jour, les rires et les sourires ne seront pas tout simplement proscrits dans les conseils des ministres hebdomadaires du mercredi qui suivront et ne se ressembleront peut-être pas, pour cause de rapidité d’action, d’efficacité maximum et de concentration suprême.
Dans cette hypothèse et sans lui faire de procès d’intention, le Président Sarkozy, bien qu’il ait préféré la mer azur et le soleil bronzant maltais à une sage retraite dans un monastère, ferait bien de s’inspirer des règles qui s’imposaient aux moines du Haut Moyen Âge, à commencer par celle de saint Benoît de Nursie (vers 480-vers 547), fondateur du monachisme chrétien occidental qui inspira d’ailleurs Benoît XVI dans le choix de son pseudonyme papal (ce qui en dit long sur le goût du rire de ce dernier).
Il faut préciser que la répression du rire a été une constante chez tous les législateurs monastiques, de saint Basile à Paul et Étienne en passant par saint Ferréol d’Uzès. Trois siècles auparavant déjà, Clément d’Alexandrie (150-220), l’un des Pères de l’Église, avait explicitement condamné le rire, celui des bouffons, des mimes et des acteurs, mais aussi celui de la femme et de l’homme qui doivent se garder de rire, l’un comme une prostituée, l’autre comme un proxénète.
Et les règles monastiques n’étaient pas de nature à faire rigoler les occupants des monastères, ne serait-ce que par la répression disciplinaire quasi policière qui pouvait s’appliquer aux contrevenants qui avaient eu l’audace de s’esclaffer : « Celui qui aura ri sous cape dans l’assemblée, c’est-à-dire l’office, sera puni de six coups. S’il a éclaté de rire, il jeûnera, à moins de l’avoir fait d’une façon pardonnable .» (La Règle de saint Colomban). «Qu’il (le moine) ne se laisse pas dissiper par le rire des sots ou par la plaisanterie » et « Si quelqu’un parle ou rit pendant le repas, qu’il soit réprimandé et fasse pénitence. » (La Règle orientale). « Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et portant à rire, nous les condamnons à la réclusion perpétuelle, et nous ne permettons pas au disciple d’ouvrir la bouche pour de tels propos. » (La Règle du Maître).
Messieurs et Mesdames les ministres, Guignols le l’info, caricaturistes et chansonniers de tout poil, Français, Françaises, si d’aventure le Palais de l’Élysée se transforme en monastère haut moyenâgeux régi par la Règle de saint Nicolas, vous ne direz pas que je ne vous l’avais pas dit !

mercredi 16 mai 2007

Passation de pouvoir

Voici en exclusivité le dialogue confidentiel que Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont eu ce 16 mai 2007 à l’Élysée lors de la traditionnelle passation de pouvoir. La scène s’est déroulée dans le bureau du président de la République qui donne, comme chacun sait, côté jardin. Les deux hommes, à ma connaissance, étaient seuls. Mais les murs de l’Élysée, comme chacun sait, ont aussi des oreilles.

Jacques Chirac : Bienvenue au club, mon petit Nicolas. Avant de passer aux choses sérieuses, toi et moi, si on se prenait une petite bière ?
Nicolas Sarkozy : Si vous me le proposez si gentiment, Monsieur le Président, j’aurais mauvaise grâce de refuser.
JC : Que dirais-tu d’une bonne bière 33 ?
NS : Je vois que vous êtes un connaisseur, Monsieur le Président.
JC : Bon. Mon petit Nicolas, c’est pas tout ça. Comme tu le sais, j’ai un certain nombre de choses très importantes à te dire. Mais que dis-je, à te dire ! À te transmettre.
NS : Monsieur le Président, avant que vous me transmettiez quoi que ce soit, je vous serais reconnaissant de ne plus m’appeler mon petit Nicolas et surtout de ne plus me tutoyer. Vous parlez désormais au nouveau Président de la République de la France.
JC : Eh bien nous sommes deux ! Ha !Ha !Ha ! Elle est bien bonne celle-là ! Pas de problème, mon petit Nicolas ! Maintenant c’est toi…euh c’est vous le chef. Loin de moi l’idée de le contester, croyez-moi.
NS : Alors activons, Monsieur le Président, je n’ai pas que ça à faire. J’ai trente-six rendez-vous qui m’attendent aujourd’hui, trois coups de téléphone à donner à des rédacteurs en chef, une virée en décapotable sur les Champs-Élysées, un avion à prendre pour Berlin que je ne voudrais surtout pas rater sans oublier mon jogging et, en plus, toutes ces louches à serrer à la salle des fêtes de l’Élysée dans quelques instants. Alors je vous en prie allons rapidement au fait.
JC : Ne t’inquiète pas, mon petit Nicolas…Oh pardon, Monsieur le nouveau Président. Ne vous inquiétez pas. De toute façon, ça ne va pas traîner. Tu sais…euh vous savez…nous n’avons pas tant de chose à nous dire si ce n’est…
NS : Si ce n’est ?
JC : Eh bien la première chose, c’est une affaire de fuite.
NS : Une fuite ? Mais c’est très grave.
JC : Oui c’est très grave et même c’est une affaire, je ne vous le cacherai pas, de la plus haute importance puisqu’elle est partie du niveau le plus élevé de l’État.
NS : Vous voulez dire depuis l’Élysée ?
JC : Pire encore
NS : Vous n’allez pas me dire depuis le bureau où nous sommes présentement ?
JC : Et si, mon petit Nicolas.
NS : Je n’ose pas y croire
JC : Vous voyez le radiateur, là, près de la fenêtre. Eh bien il fuit comme un robinet ouvert. J’ai mis une gamelle pour éviter le pire et je suis obligé de la vider toutes les dix minutes. Mais voilà, ça ne suffit pas.
NS : Mon Dieu, mais c’est affreux
JC : Ça encore, c’est rien. Savez-vous que j’ai appris par les Renseignements Généraux que tout cette eau s’infiltre dans les bas-fonds de Paris à travers un réseau très complexe qui passe sous la Seine et qu’elle se déverse directement au siège du PS, rue de Solférino, en remontant par capillarité jusqu’au bureau de son secrétaire général.
NS : Tout bien considéré, Monsieur le Président, que François Hollande ait les pieds dans l’eau, c’est pas plus mal !
JC : Certes, mon petit Nicolas. Cela dit, cette fuite de l’Élysée jusqu’au PS, ça peut devenir une véritable affaire d’État qui va éclabousser tout le monde. Remarquez, ce n’est plus mon problème et désormais c’est le vôtre, mon petit Nicolas Alors, sans vouloir vous donner de conseil, si j’étais à votre place, je ferais venir le plombier dans les plus brefs délais. Vous pourrez l’appeler de ma part. Tenez. Voici son numéro de téléphone.
NS : Très bien. Je saurai m’en souvenir, Monsieur l’ancien Président de la République.
JC : La deuxième chose à vous dire avant que je vous remette le trousseau de clefs de la maison, mon cher nouveau Président, c’est à propos de Bernadette.
NS : Bernadette ? Vous voulez dire…
JC : Mais oui Bernadette, la femme de ménage préposée au nettoyage du bureau présidentiel.
NS : Ah bon, vous m’avez fait peur…
JC : Figurez-vous qu’elle m’a demandé une augmentation.
NS : Elle est aux 35 heures ?
JC : Hélas oui Monsieur le nouveau Président.
NS : Oh mais avec moi ça sera pas compliqué. Si elle veut gagner plus, il faudra qu’elle travaille plus. Donc elle n’aura qu’à se lever tôt et faire des heures supplémentaires. Un point c’est tout.
JC : Très bien, très bien, je vous laisse le soin de faire le nécessaire. Venons-en à la troisième chose importante que j’ai à vous dire.
NS : Je vous écoute.
JC : Voilà. Vous êtes un âne.
NS : Je vous demande pardon, Monsieur le Président ?
JC : Vous avez très bien entendu et je le répète : vous êtes un âne.
NS : Pourriez-vous me redire cette phrase en me regardant droit dans les yeux ?
JC : En vous regardant droit dans les yeux, je vous le dis : vous êtes un âne.
NS : Mais je ne vous permets pas de vous adresser de la sorte au Président de la République française.
JC : C’est exactement ce que j’ai rétorqué à Mitterrand en mai 1995 lors de la passation de pouvoir quand il m’a dit exactement ces quatre mots et, croyez-moi, lui aussi il me regardait droit dans les yeux.
NS : Non ! Mitterrand vous a dit « Vous êtes un âne » ?
JC : Comme je vous le dis, mon petit Nicolas
NS : Ha ! Ha ! Ha !…Hi ! Hi ! Hi !…
JC : Enfin je vous en prie, mon tout petit Nicolas et surtout n’en rajoutez pas
NS : En tout cas, Monsieur l’ancien Président, ce n’est pas moi qui me permettrais de dire à mon successeur « Vous êtes un âne », si tant est que j’aie un jour un successeur car, pour ne rien vous cacher, j’espère bien rester Président de la République à vie.
JC : Ça m’étonnerait.
NS : Ah ! ça vous étonnerait que je reste à l’Élysée toute ma vie ?
JC : Ah non. Ça, mon petit Nicolas, je vous en crois tout à fait capable. Je vous connais.
NS : Alors qu’est-ce qui vous étonnerait ?
JC : Que vous ne disiez pas à votre successeur : « Vous êtes un âne ».
NS : Et pourquoi ça ?
JC : Tout simplement parce que cette petite phrase assassine « Vous êtes un âne », ce n’est ni plus ni moins, avant cryptage numérique en présence du Chef des Armées, surtout ne le répétez à personne, que le code secret du feu nucléaire !

____________________________

Photo : Avant de quitter définitivement l’Élysée, le Président Chirac redonne le code secret de la force nucléaire au Président Sarkozy.

lundi 14 mai 2007

Le fou rire qui tue

J’apprends dans un forum médical par l’un des plus grands spécialistes français des vertiges, le Docteur Erik Ulmer (qui n’est autre que le fils de l’acteur Georges Ulmer), que le fou rire, en provoquant un blocage prolongé du thorax en expiration ce qui gêne le retour veineux cérébral, peut déclencher un vertige par tendance syncopale. Et le spécialiste de rappeler le fameux « gag à mourir » de rire des Monty Python en ces mots : « …au cours de la deuxième guerre mondiale un humoriste anglais écrit un gag si drôle qu’il meurt lui-même de rire en se relisant, et tous ceux qui pénètrent dans sa chambre et lisent le texte après lui meurent de la même manière. Le gag est alors confié à l’armée anglaise qui décide d’en faire une traduction en allemand. Mais personne ne peut lire le gag en entier sans mourir de rire, donc le texte est divisé en plusieurs parties chacune confiée à un traducteur différent. La traduction achevée des soldats sont désignés pour passer devant les lignes ennemies en lisant la traduction du gag à voix haute, et tous les soldats Allemands s’écroulent de rire par vagues successives… »
On raconte que Chrysippe de Soli, philosophe stoïcien (281-205 av. J.-C.), mourut d’un fou rire en regardant un âne lui manger ses figues après avoir dit à la vieille femme qui possédait l’âne : « Donne aussi un peu de vin à ton âne ! ».
Conclusion logique : pour raison de santé publique, à l’entrée des café-théâtres ou des salles de meeting électoral, il faudrait placarder des affiches où serait écrit en lettres majuscules : RIRE TUE

vendredi 11 mai 2007

Mots croisés (2)

Les mots croisés, on adore ou on déteste et il n'est pas rare que ceux qui prétendent les détester n'en aient jamais faits (ou si peu !). À l'époque où l'interactivité est à la mode, les mots croisés représentent pourtant un jeu interactif par excellence et pas ringard du tout. Je propose donc aux réfractaires de tous âges de se pencher sur ces définitions de mon cru. Parmi eux, certains vont-ils se découvrir une nouvelle passion et entrer dans le club de ceux qui adorent jouer avec les mots et, qui sait, prendront-ils plaisir à déjouer les pièges de la langue française que je me suis fait un plaisir de leur tendre.

1- Livre pour analphabète (10 lettres)

2- C’est déjà trop tard quand elle gagne (8 lettres)

3- Chercheur invétéré (10 lettres)

4- Bande de curés (5 lettres)

5- Gammes de sol (6 lettres)

6- Pour un passage qui pourrait littéralement nous faire crever (6 lettres)

7- Redore le blouson (7 lettres)

8- Il flotte mais pas au point d’être nul (7 lettres)

9- Se dit rarement au futur (3 lettres)

10- Tâtons (10 lettres)

____________________________

Résultats dans un prochain post…

dimanche 6 mai 2007

Alternance présidentielle et rupture

Décidément les Présidents de la République française de la cinquième République se suivent et ne se ressemblent pas. Notre nouveau président, Nicolas Sarkozy, avec son petit mètre 65 (sans estrade ni talonnettes) va succéder quelques 25 cm plus bas à Jacques Chirac. Ce dernier a tenu les rênes de l’État, la tête perchée à 1m90 au dessus du sol pendant douze ans après avoir pris la suite de François Mitterrand, lequel règna à l’Élysée pendant quatorze années à seulement 1m73 d’altitude. En 1981 celui qui allait devenir Tonton chassa de son palais de la rue du Faubourg Saint-Honoré un homme d’une plus grande hauteur de vue que lui, Valéry Giscard d’Estaing, puisque celui-ci culmina à 1m89 durant un septennat, soit 16 cm au dessus, après avoir saisi l’opportunité de la mort prématurée de Georges Pompidou, nettement plus petit que lui, pour devenir le Président du « changement de taille dans la continuité ». Tout le monde sait que le président Georges Pompidou succéda à un géant d’1m93, le général Charles de Gaulle, dont il fut un relativement petit premier ministre, en taille s’entend. Ainsi peut-on dire qu’en France, l’alternance a toujours été au rendez-vous lors des élections aux plus hautes fonctions de l’État et que, ce dimanche 6 mai 2007, le principe même de celle-ci a été une fois de plus respecté et sauvegardé.
Mais il n’est pas inintéressant de constater que la taille d’un homme politique et en particulier d’un président de la République n’est pas un élément secondaire ni un détail dans le destin du pays qu’il préside. La France serait-elle ce qu’elle est si nos présidents avaient choisi leurs collaborateurs, à commencer par leurs premiers ministres, en fonction de leur propre taille ? Aucun Français n’ignore que des hommes tous deux de petit gabarit comme François Mitterrand et Michel Rocard ne pouvaient pas se sentir tout comme les géants approximativement de la même taille Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing sans parler évidemment de Jacques Chirac et Lionel Jospin (1m84), à peine moins grand que son supérieur hiérarchique direct, qui cohabitèrent dans des relations pour le moins acides et glaciales. D’ailleurs tout le monde le sait, les contraires s’attirent et les semblables se repoussent. Exception faite de Jacques Chirac et Dominique de Villepin (1m93 comme de Gaulle) qui allaient très bien ensemble et du couple infernal Jacques Chirac-Nicolas Sarkozy, force est de constater qu’en politique les petites pointures s’entendent mieux avec les grandes et vice-versa. Que je sache, il n’y avait aucune incompatibilité entre le Général de Gaulle et ses premiers ministres successifs qui lui arrivaient à l’épaule, Michel Debré et Georges Pompidou, lequel, soit dit en passant, avait une femme à laquelle il arrivait au menton et avec laquelle il s’entendait très bien aussi. Le longiligne et osseux président Valéry Giscard d’Estaing avait d’excellentes relations avec le petit rondouillard Raymond Barre. Idem pour Mitterrand et l’armoire à glace Pierre Maurois ou ce grand dadais de Laurent Fabius qui doit avoir, à la louche, la même taille que Lionel Jospin. De même à l’international et aux affaires étrangères, qui a oublié ces couples légendaires filant le parfait amour, bien que de bords politiques opposés, celui de l’immense Valéry Giscard d’Estaing et du petit Helmut Schmidt au bord d’une piscine dans les Antilles françaises ou du minuscule François Mitterrand et du molosse Helmut Kohl (1m93) se tenant tendrement par la main à Berlin.
Loin de moi l’idée d’affirmer que les plus grands sont les plus bêtes, cependant il est indéniable qu’un homme quel qu’il soit -et un homme d’État en particulier- ne développe pas la même stratégie vis-à-vis de ses semblables, hommes ou femmes, selon sa taille. Napoléon, s’il avait été grand, n’aurait peut-être fait qu’un Jacques Chirac et de Gaulle, s’il avait été petit, aurait eu le destin au mieux d’un vulgaire ersatz de Napoléon 1er, au pire d’un piètre François Hollande (1m76 quand même mais comparé au Général…). Quand on a une stature physique qui permet de toiser de très haut ses amis, ses relations ou ses adversaires, il n’est pas forcément nécessaire de développer ses capacités d’intelligence ou même tout simplement son charme à un très haut niveau pour arriver à ses fins. A contrario, il y a plus de chance qu’un petit homme d’État se sente obligé de privilégier la ruse, la manipulation, le charisme voire même l’humour pour accéder à l’échelon le plus élevé de l’État et s’en servir dans ses fonctions suprêmes. Il est d’ailleurs troublant que bien des hommes déterminants dans les affaires du monde ou de leur pays, pour le meilleur comme pour le pire, se recrutent parmi les hommes plutôt petits. Parmi les tyrans sanguinaires, hormis Amin Dada (1m89) qui donnait aux crocodiles ses ennemis en pâture, Adolf Hitler ne mesurait qu’1m72 (peut-être avec talonnettes), Mussolini 1m69 et Staline 1m73. À l’inverse, des hommes de bien comme Saint François d’Assise, Gandhi, Martin Luther King ou l’abbé Pierre ne mesuraient respectivement qu’1m62 , 1m60, 1m69 et 1m68. Quant à Louis XIV, Napoléon et Winston Churchill, on leur attribue une taille de seulement 1m62, 1m69 et 1m68. Cela dit, Charlemagne mesurait 1m93 , François 1er 2 mètres et Louis XVI 1m90. Reste un petit grand de ce monde qui fait froid dans le dos, Poutine (1m70) et dont on ne sait pas encore dans quelle catégorie, des bons ou des méchants, le classer tout comme notre nouveau président de la République. L’avenir et l’histoire trancheront.
Mais la véritable alternance, pour ne pas dire la rupture, à partir du 16 mai 2007 n’est pas celle que l’on croit. En effet, après 42 ans de calvitie (René Cotty avec sa raie sur le côté de premier communiant n’était pas chauve), c’est la première fois qu’un président de la République française sera chevelu. Tous nos présidents de la cinquième République depuis 1965 étaient sinon chauves du moins largement dégarnis, Georges Pompidou, toutes proportions gardées, apparaissant comme le moins atteint par l’alopécie androgénique, peut-être par simple effet d’optique par rapport à ses sourcils drus. Mieux encore aucun des trois premiers candidats arrivés au premier tour des élections présidentielles n’était déplumé, la palme revenant à Ségolène Royal pour la longueur de sa toison. C’est peu de dire que la rupture et l’alternance auraient de toute façon été au rendez-vous du 6 mai 2007 quel que soit le verdict populaire et on frémit à la pensée d’un deuxième tour qui aurait opposé les crânes d'Alain Juppé et de Laurent Fabius, des hommes qui ont le double handicap d’être grands et chauves et par dessus le marché celui d’avoir déjà exercé la fonction de premier ministre. Cela n’aurait rien auguré de bon pour le nouveau quinquennat.
Mais l’élection présidentielle a vécu. Le président Nicolas Sarkozy s’apprête à emménager à l’Élysée et à passer une première nuit dans l’immense lit de Jacques Chirac. Nous attendons donc avec impatience les premiers effets de l’alternance et de la rupture tant annoncés.
Vive la République, vive la France !

vendredi 4 mai 2007

Rire avec les singes

Selon le primatologue hollandais J.A.R.A.M. van Hooff, la mimique faciale des grands primates « figure détendue - bouche ouverte » (relaxed open mouth) correspondrait au précurseur du rire humain sur le plan de l’évolution des espèces tandis que la mimique « figure silencieuse - dents découvertes » (silent bared teeth dysplay) serait celui du sourire. Or il suffit de regarder un être humain qui rit ou sourit quand sa bouche est détendue (naturellement je ne parle pas d’une bouche tendue qui rit jaune) pour s’apercevoir qu’elle a une forme globalement arrondie à concavité supérieure. Je m’amuse tous les jours dans le métro à observer les usagers solitaires et en particulier leurs bouches. Je me suis aperçu non seulement qu’une majorité d’entre eux arbore une mimique faciale « figure (drôlement) tendue – bouche (terriblement) fermée » mais en plus que la forme de leurs bouches décrit une courbe à concavité inférieure autrement dit exactement l’inverse de la mimique faciale du rire simiesque de van Hooff. Tout ça pour dire que dans le métro, on est contracté (en particulier au niveau des masticateurs), sur la défensive et peu enclin aux interactions sociales quelles qu’elle soient et surtout qu’on n’y rigole pas tous les jours. Ce qui n’exclut pas d’y observer avec acuité ses congénères.

mardi 1 mai 2007

Spectacle d'enfer

J’ai assisté très récemment au spectacle d’un humoriste célèbre et reconnu dans une salle de 2000 spectateurs pleine à ras bord. Dès l’entrée en scène de l’artiste –et même avant-, le public applaudit en hurlant, presque en tapant des pieds et l’ambiance ne cesse de grimper jusqu’à la fin du one man show, dépassant de loin les 40° qui règnent dans une salle non ventilée qui tient carrément de la cocotte-minute (et encore suis-je en dessous de la vérité). Les gags et les rires fusent et se suivent à une cadence d’enfer, l’humour n’est jamais méchant, l’artiste qui est éminemment sympathique dialogue même avec le public dans une interactivité pleine de bonhomie, les effets de lumière sont fantastiques, la musique est accrocheuse, les spectateurs s’enthousiasment bruyamment à la moindre de ses blagues, même mes amis jubilent. C’est un immense succès.
Deux fausses notes, toutefois, mais à mes yeux seulement. Primo, pour goûter toute la sève de l’humoriste et les innombrables effets du spectacle, il est fortement conseillé d’être doté d’une solide culture télévisuelle et "footballistique", c’est-à-dire de connaître à la perfection les émissions à audimat élevé de la prime-time (pour parler français), genre Star Ac ou La ferme, et leurs grands prêtres animateurs tout comme les stars du ballon rond, entraîneurs compris. Inutile de préciser que ce n’était pas mon cas. Secundo, et ce fut pour moi le principal inconvénient de la soirée, j’ai le sentiment d’avoir été le seul spectateur qui n’ait pas ri pour la simple raison que l’humoriste en question, malgré ses grandes qualités que je ne conteste pas et tous ses efforts, ne me faisait pas rire du tout. À la limite sourire et encore peut-être trois fois en deux heures, en cherchant bien. D’où un sentiment amer, en quittant à toute vapeur la cocotte-minute un quart d’heure avant la fin, de ne pas être tout à fait normal, d’être mauvais coucheur, de jouer le rôle du bougon de service ou tout simplement de ne rien avoir compris, sentiment auquel s’ajoutent la honte et surtout la douloureuse frustration de ne pas avoir pu partager la liesse collective avec les 1999 autres rieurs et rieuses présents. Je suis désespéré.

 
compteur configurable