lundi 29 octobre 2007

Aphorismes

Quand j’entends le mot culture, je sors mon pistolet à eau.



Aimer son prochain ? D’accord. Eh bien commençons par vous Mesdames !

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Aphorismes personnels in Aphorismes de Comptoir, Ed. de l’Adret 1999.

lundi 22 octobre 2007

Le dessin de Piem…


…dont j'ai parlé dans la note précédente.

Dessin extrait du livre de P. Queneau, G. Ostermann et P. Grandmottet, illustré par Piem, La douleur à bras-le-corps (Éditions Médicis)

(Avec l’autorisation de Patrice Queneau)

dimanche 21 octobre 2007

L'humour de Queneau et de Piem



Connaissez-vous ce livre de Queneau, La douleur à bras-le-corps (Éditions Médicis) ? Non pas Raymond mais Patrice qui, en ce qui concerne la fantaisie et l’originalité, n’a rien à envier à l’auteur de Zazie dans le métro et au fondateur de l’Oulipo (je connais personnellement cet homme hors du commun). Sur le fond, c’est un livre révolutionnaire tant il remet en cause un certain pouvoir médical imbu de sa science. Il nous rappelle avec humour et détermination (parfois au prix de répétitions qui ne sont d’ailleurs pas inutiles) que les médecins sont au service du patient et non l’inverse. C’est un plaidoyer de bon sens à la fois sérieux et plein d’humour contre la douleur et pour placer au dessus de tout le souci de soulager la souffrance des malades en commençant par les écouter et sans faire une confiance aveugle dans la technique ou dans les examens qui, comme le disait un grand patron de médecine, sont (parfois) faits pour tromper le médecin. Dans ce livre pourtant écrit par des médecins éminents (Patrice Queneau, est membre de l’Académie nationale de médecine et, tout comme Pierre Grandmottet et Gérard Ostermann, professeur de thérapeutique), les médecins en prennent pour leur grade (quel grand art dans l’autodérision !) et les dessins de Piem, irrésistibles et tellement drôles et vrais, enfoncent le clou avec délicatesse pour le grand plaisir du lecteur. Chacun d’eux est un vrai bijou, un véritable chef d’œuvre où chaque détail compte : je pense par exemple au dessin représentant un malade tout nu et tout petit devant plusieurs médecins siègeant comme des juges dans un tribunal et au visage de chaque médecin exprimant chacun de manière différente le peu de cas qu’ils font de ce pauvre patient humilié qui doit par-dessus le marché prouver qu’il est malade.
Un livre à recommander aux médecins comme aux non médecins et qui peut faire avancer à grands pas, justement grâce à son humour, le schmilblic de la lutte contre la douleur et pour plus d’humanité dans notre monde et plus particulièrement dans la médecine où les brutes, semble-t-il, ne manquent pas.

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•En haut à droite : dessin exécuté cette après-midi par Piem pour votre serviteur lors de la Fête du livre de Saint-Etienne.

•Blog du Professeur Patrice Queneau : http://www.santereflexion.canalblog.com/

mercredi 17 octobre 2007

L'humour de Galabru


Imaginez que vous êtes en train de parcourir Pariscope un peu au hasard à la recherche, pour la soirée qui s’annonce, d’un spectacle sympa à ne pas se prendre la tête quand il est 20 heures et que vous tombiez toujours par hasard sur une pièce dont le titre est “Les Chaussettes” opus 124 avec Michel Galabru (vous ne faites même pas attention au reste de la distribution). Comme vous vous attendez, d’après le titre de la pièce, à une comédie de boulevard très drôle et que vous vous ne lassez pas de cet acteur de théâtre (La femme du Boulanger) et de cinéma (Le Viager, et bien sûr l’adjudant Gerber de la gendarmerie de Saint-Tropez), peut-être faites-vous comme moi, la semaine dernière : vous foncez, tête baissée, ligne 4 direction Porte de Clignancourt-changement Strasbourg-Saint-Denis-direction Havre-Caumartin, espérant grâce un désistement de dernière minute obtenir à 20 h 57 une modeste place, même sur un strapontin branlant. Arrivé à bout de souffle au théâtre des Mathurins, trois surprises de taille vous attendent alors :
Primo, on vous donne une place sans difficulté et, par-dessus le marché, on vous fait même choisir votre fauteuil et le prix, comme si vous réserviez trois mois à l’avance.
Deuzio, la salle est à moitié vide (et non à moitié pleine), encore des fauteuils libres au parterre, à peine un rang et demi à moitié pleins cette fois au premier balcon et ne parlons pas du deuxième qui est désert ou presque. Il est vrai que c’est le soir de la coupe du monde de rugby. Mais pour Michel Galabru, quand même !
Tertio, surtout, le Galabru qui joue ce soir n’est pas tout à fait celui que vous attendiez. Ni la pièce. Ni la distribution qui se limite à un duo, l’autre comédien étant une figure emblèmatique du théâtre dit sérieux, Gérard Desarthe. L’argument : deux acteurs complètement différents, une grande vedette populaire et un intello introverti, répètent un numéro de clowns. Les chaussettes trouées de l’intello mettront le feu aux poudres et la répétition va rapidement tourner aux hostilités ouvertes. La truculence et la simplicité toute bonhomme de Galabru s’oppose délicieusement au sérieux et à la cérébralité de son partenaire qui, tout grand esprit qu’il soit, n’en est pas moins désespéré par sa calvitie. C’est surtout l’histoire de deux désespérances et d’une amitié qui finalement se noue dans la rudesse entre deux hommes terriblement seuls que tout sépare. Chaque acte est ponctué de duos de violon et violoncelle interprétés par les personnages et qui sont loin d’apporter une once de gaieté, à moins qu’elle ne soit acerbe, au spectacle.
Galabru est drôle, certes, mais pas vraiment où on l’attendait. C’est que sa faconde, ses coups de gueule et ses mimiques sont, dans cette pièce, autant de paravents pour cacher le désespoir et l’amertume d’un homme en fin de carrière rongé par la solitude et dont la seule compagnie se résume à un chat qu’il est prêt à manger pour survivre.
Alors si vous allez voir Michel Galabru dans cette pièce de Daniel Colas dans l’espoir de vous éclater et de vous régaler d’une comédie légère pleine de rebondissements et de quiproquos, autant vous le dire tout de suite : c’est raté !

mercredi 10 octobre 2007

L'humour de Cyrano


Deux scènes irrésistibles, parmi bien d’autres, dans le chef d’œuvre d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac :

• la première se situe au premier acte juste après la fameuse tirade des nez dans laquelle Cyrano tourne en ridicule le Vicomte, lequel n’a rien trouvé de plus original, pour railler son appendice nasal, que de lui lancer bien banalement :

« Vous…vous avez un nez…heu…un nez…très grand. »


Humilié et ridiculisé par la tirade et par les quelques phrases ironiques de Cyrano qui s’en suivent, le Vicomte réagit par l'insulte :

LE VICOMTE

« Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule ! »

CYRANO (en ôtant son chapeau et saluant comme si le Vicomte venait de se présenter) :

« Ah ?…Et moi, Cyrano Savinien Hercule
De Bergerac. »


• la deuxième scène se situe peu avant la fin du deuxième acte : Cyrano, génial mélange d’Alceste et de Don Quichotte, qui vient de subir les railleries de Christian sur son nez s’apprête à lui régler son compte mais ce dernier se présente comme l’homme dont Roxane est amoureuse et que Cyrano, lui-même amoureux de Roxane et homme au grand cœur, a promis à celle-ci de protéger. Cyrano se montre alors brusquement gentil et fraternel avec son rival qui subitement se confond de respect et d’admiration pour le Gascon.

CYRANO (revenant sur les railleries de Christian)

Mais tous ces nez que vous m’avez…


CHRISTIAN

Je les retire !

Naturellement l’humour de ces deux réparties ne saute pas forcément aux yeux, lues comme ça sur le papier ou sur un écran d’ordinateur, mais je peux vous garantir qu’elles sont irrésistibles sur scène, dans le contexte de la pièce, par leur effet de surprise. La preuve, c’est qu’elles m’ont fait rire, moi qui suis très mauvais public pour le comique et à qui il en faut beaucoup pour le faire rire.

Ouvrons une parenthèse : (pour revenir à la tirade des nez, j’ai trouvé la dernière interprétation en date de Michel Vuillermoz dans la mise en scène de Denis Poladylès très gasconne mais peut-être un peu trop rapide alors que celle de Gérard Depardieu, plus lente, m’a semblé un tantinet monocorde et bien peu truculente (pour un Gascon digne de ce nom !), la première interprétation étant à mes yeux infiniment supérieure à la première. Mais c’est un avis très personnel que je ne partage pas moins. Les débats sont ouverts.) La parenthèse est à présent fermée.

samedi 6 octobre 2007

L'humour d'Alain


Dans le texte XIX des Propos sur le bonheur, L’art de bâiller, Emile Chartier, alias Alain, compare le bâillement au rire et aux sanglots. Selon lui le bâillement est “une revanche de la vie et comme une reprise de santé. Il est contagieux et se communique par l’abandon du sérieux et comme une emphatique déclaration d’insouciance…C’est comme un signal de rompre les rangs.”. Le rire et les sanglots aussi, assure le philosophe, tout en les considèrant comme “des solutions du même genre, mais plus retenues, plus contrariées ; il s’y montre une lutte entre deux pensées, dont l’une enchaîne et l’autre délivre. Au lieu que, par le bâillement, toutes les pensées sont mises en fuite, liantes et délivrantes.”.

Je comprends mieux, maintenant, pourquoi certains spectacles d’humour sont si irrésistibles qu’ils déclenchent immanquablement chez les spectateurs des bâillements collectifs à gorge déployée et à s’en décrocher la mâchoire. Je comprends moins, en revanche, pourquoi la lecture des Propos sur le bonheur m’a fait tant bâiller car, du texte I au texte XCIII, je n’ai pas décelé, malgré ma bonne volonté et plusieurs relectures, une once d’humour même au énième degré dans les sages propos d’Émile Chartier.

 
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